La province du Kwango, dans le sud-ouest de la République démocratique du Congo, est en alerte maximale. Face à l’afflux incessant de Congolais refoulés d’Angola depuis le 20 octobre dernier, les députés provinciaux ont tiré la sonnette d’alarme ce mardi, dénonçant des conditions de refoulement « inhumaines » et appelant à une réponse urgente du gouvernement central ainsi que de la communauté internationale.
Réunis à Kenge, les élus du peuple ont fait une déclaration poignante, lue par Anicet Mbangala Talameso, président a.i de l’Assemblée provinciale du Kwango. Leur message est clair, la situation humanitaire à la frontière est catastrophique.
« Nous, députés provinciaux du Kwango, lançons un cri d’alarme à la communauté tant nationale qu’internationale sur la situation qui prévaut à la frontière de notre province avec la République sœur d’Angola. Depuis le 20 octobre 2025, la République d’Angola procède à un refoulement forcé et dans des conditions inhumaines de la population congolaise vivant sur son territoire, ce qui constitue une violation flagrante des droits de l’homme », ont-ils déclaré d’une voix grave.
Selon les chiffres communiqués par les députés, 1.157 Congolais ont déjà été refoulés vers le Kwango. Parmi eux, figurent des femmes allaitantes, des enfants en bas âge et même des hommes ne parlant aucune langue congolaise, preuve du déracinement profond et des conditions inhumaines dans lesquelles ces expulsions ont été effectuées.
Les refoulés arrivent épuisés, traumatisés et totalement démunis, livrés à eux-mêmes dans les zones frontalières dépourvues d’infrastructures d’accueil. À cela s’ajoute la menace sanitaire avec déjà un cas suspect de choléra qui aurait été détecté parmi les nouveaux arrivants, selon les autorités locales.
Face à cette détresse, les députés provinciaux du Kwango exhortent le gouvernement de la République démocratique du Congo à renforcer la sécurité aux frontières, notamment dans les postes frontaliers et couloirs humanitaires reliant la province du Kwango aux provinces angolaises de Lunda-Norte, Uíge et Malanje.
Ils demandent également une intervention humanitaire urgente, soulignant que la province est « essoufflée » dans ses efforts de prise en charge des refoulés.
« Nos moyens sont limités. Nous appelons le gouvernement central, les organisations humanitaires et les personnes de bonne volonté à venir en aide à cette population en détresse », ont plaidé les élus.
Les besoins les plus urgents concernent la nourriture, les abris, les médicaments de première nécessité et l’accès à l’eau potable.
Ce refoulement massif rappelle les crises migratoires antérieures entre l’Angola et la RDC, souvent marquées par des tensions bilatérales et des violations des droits humains. Mais cette fois, alertent les députés, la gravité de la situation dépasse les capacités locales.
Les élus du Kwango redoutent que, sans une réaction rapide des autorités centrales et des partenaires internationaux, une catastrophe humanitaire ne s’installe durablement dans cette partie déjà fragile du pays.
« Le Kwango ne peut pas affronter seul cette tragédie. Il s’agit d’une question nationale qui appelle à la solidarité et à la responsabilité de tous », a conclu M. Mbangala Talameso.
Pour les élus du Kwango, le silence face à ce drame équivaudrait à une complicité. Ils appellent donc l’État congolais à transformer les mots de compassion en actes concrets car à la frontière, ce ne sont pas des chiffres qui arrivent chaque jour, mais des vies humaines qui s’effondrent dans l’indifférence.
Emmanuel Kamba









