Face aux inquiétudes persistantes sur la gestion des opérations commerciales aux frontières, le ministre du Commerce extérieur, Julien Paluku Kahongya, a tenu à clarifier la position du gouvernement congolais sur le transbordement, mercredi 14 mai 2025, devant les députés nationaux réunis en plénière. Loin d’interdire cette pratique, l’exécutif cherche à distinguer les opérations légales des manœuvres frauduleuses qui saignent les finances publiques.
« Le gouvernement n’a jamais interdit le transbordement », a affirmé le ministre, répondant à une interpellation du député national Katembo Kambere Thaddée. Il a expliqué que cette pratique, qui consiste à changer de mode de transport sans altérer le contenu des marchandises, est « encadrée par les textes internationaux et par l’article 182 de notre code des douanes ».
Le vrai problème, selon Julien Paluku, réside dans le fractionnement frauduleux, une opération illégale qui consiste à dépiécer les cargaisons aux frontières pour éviter les droits de douane. «En 2024, cette fraude a fait perdre 3,9 milliards de dollars au trésor public», a-t-il révélé, déplorant une pratique qui pénalise les opérateurs honnêtes et menace l’économie nationale.
Souhaitant dissiper les amalgames, le ministre a martelé que la lutte engagée vise à structurer et non à freiner le commerce transfrontalier. « Nous ne luttons pas contre le commerce transfrontalier, nous l’encadrons », a-t-il insisté, mettant en avant la mise en place du Régime Commercial Simplifié (RECOS) pour accompagner les petits commerçants opérant dans les zones frontalières.
Dans la même dynamique, Julien Paluku a salué l’entrée en vigueur d’un arrêté interministériel Commerce-Finances qui vient renforcer le dispositif d’encadrement du commerce aux frontières. Selon lui, cette réforme s’inscrit dans une volonté plus large de rendre l’environnement des affaires plus transparent et compétitif.
Le ministre a également profité de cette tribune pour annoncer une innovation majeure : la dématérialisation du Guichet Unique Intégré du Commerce Extérieur (SEGUCE-RDC). Une avancée technologique censée simplifier les procédures, réduire la corruption et faciliter le contrôle des flux commerciaux à l’import et à l’export.
Enfin, l’intervention du ministre a été saluée par le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, qui a parlé d’une « belle leçon » de pédagogie. « Cette démarche renforce les capacités des élus sur les enjeux du commerce international », a-t-il déclaré, appelant le gouvernement à poursuivre ses efforts de réforme dans un esprit de transparence et de compétitivité économique.
CKK