Trois ministres Constant Mutamba (Justice), Doudou Fwamba (Finances) et Aimé Boji (Budget) sont dans le viseur du député national Willy Mishiki, qui les soupçonne d’être liés à une gestion opaque de près de 40 millions de dollars alloués à la construction d’une prison centrale à Kisangani.
Dans une question orale avec débat déposée le 14 mai, l’élu de Walikale exige des explications sur ce qu’il qualifie de « présumé détournement de 39,8 millions de dollars américains ». Selon lui, des procédures légales, dont le respect de la chaîne de la dépense, n’auraient pas été observées. Il affirme : « Nous avons été écœurés de constater que, sans respecter la procédure légale, 19,8 millions USD ont été saisis à la Banque centrale, grâce au travail de la CENAREF, que je félicite ».
Au cœur de la polémique se trouve la société Zion Construction, adjudicataire du marché. Willy Mishiki dresse un portrait inquiétant de l’entreprise : « Zion Construction est une société bulgare installée au Royaume-Uni avec huit associés, dont six ont déjà démissionné. Les deux restants ne disposent pas de moyens financiers, au point de louer un simple local à Londres. » Il ajoute que l’entreprise, arrivée en RDC en 2024, « n’a ni bureaux, ni capacités techniques ou financières » pour exécuter un projet de cette envergure.
Le député dénonce en outre une « violation flagrante des règles de passation des marchés publics », soulignant que Zion Construction aurait remporté le marché sans appel d’offres, en procédure de gré à gré. Cette situation ravive les critiques contre l’opacité dans la gestion des fonds publics en RDC, un sujet sensible dans un contexte de lutte contre la corruption.
Face à ces accusations, le ministre de la Justice, Constant Mutamba, a réagi en dénonçant « une campagne de désinformation contre le projet de prisons modernes ». Dans une communication du 11 mai, il a nié l’existence d’un quelconque contrat d’un montant de 39 millions de dollars, affirmant que les rumeurs visent à discréditer un projet légitime du gouvernement.
Le ministre des Finances, Doudou Fwamba, s’est également exprimé pour démentir toute transaction financière liée au projet. « Aucun paiement n’a été effectué, ni par le Trésor public, ni via un compte sous ma gestion », a-t-il affirmé, balayant les soupçons de malversations au sein de son ministère.
CKK