Après plus d’une décennie de partenariat inégal, le gouvernement congolais a obtenu une révision partielle du contrat liant la République démocratique du Congo (RDC) à la Sino-Congolaise des Mines (Sicomines). L’Avenant 5, récemment signé, tente de corriger certains déséquilibres, tout en conservant des clauses issues d’un cadre initial fortement critiqué.
Depuis la signature du contrat en 2008, la RDC espérait un apport massif en infrastructures évalué à 3 milliards de dollars américains. Mais entre 2008 et 2023, seuls 822 millions USD ont été effectivement livrés, alimentant un sentiment d’amertume quant à l’efficacité du partenariat. Le déficit d’infrastructures – routes, hôpitaux, installations sportives – a longtemps été pointé du doigt par la société civile et plusieurs observateurs internationaux.
La structure capitalistique de Sicomines symbolisait ce déséquilibre. Les entreprises chinoises y détenaient 68 % des parts, contre 32 % pour la Gécamines. Dans le projet de barrage géré par Sicohydro, la domination chinoise atteignait même 75 %, reléguant les partenaires congolais à des rôles largement secondaires.
L’Avenant 5 introduit néanmoins quelques avancées majeures. Le volet infrastructure bénéficie d’un nouveau souffle : 7 milliards USD sont désormais promis sur 15 ans, soit 324 millions par an. En 2023, plusieurs projets ont vu le jour ou ont été finalisés : les rocades de Kinshasa (395 millions USD), la route Kalamba-Mbuji (180 millions USD) et l’axe Mbuji-Mayi–Mwene-Ditu–Kolwezi (100 millions USD).
Autre évolution importante : l’introduction de royalties fixes. Pour la première fois, l’État congolais percevra 24 millions USD par an, un mécanisme absent des accords précédents. Une nouveauté saluée par les défenseurs de la transparence, même si le montant reste modeste au regard du potentiel minier du pays.
Sur le plan de la gouvernance, une meilleure représentation congolaise est actée. L’État accède désormais à 40 % des parts dans le projet du barrage, contre 25 % auparavant. Par ailleurs, des cadres congolais sont désormais nommés à des postes stratégiques au sein des directions commerciale, technique et financière.
Malgré ces avancées, de nombreuses voix estiment que l’accord reste marqué par l’empreinte des déséquilibres passés. Le contrat initial, souvent dénoncé comme léonin, continue de conditionner l’essentiel des relations entre les parties. L’Avenant 5 apparaît donc comme une tentative de rééquilibrage partiel, sans remettre en cause l’architecture du partenariat.
CKK