Le Tribunal de grande instance de la Gombe a brièvement repris ce mardi 17 juin, le procès opposant le journaliste Gauthier Sey au deuxième vice-président du Sénat, Modeste Bahati Lukwebo. Après une audience éclair, le tribunal a renvoyé l’affaire au 1er juillet 2025, plongeant l’opinion dans une perplexité grandissante face à ce qui apparaît de plus en plus comme une manœuvre d’intimidation judiciaire.
Pourquoi un tel acharnement contre un journaliste ?
Gauthier Sey, connu pour ses prises de position tranchées et ses enquêtes fouillées, ne fait que son métier : informer. Pourtant, au lieu de répondre par le débat ou le droit de réponse, c’est la voie judiciaire que choisit Modeste Bahati Lukwebo, figure politique influente, opérateur économique de poids, et surtout… absent notable des débats cruciaux pour le pays.
Pendant que Bukavu brûle, Bahati poursuit un journaliste. Ironie tragique : pendant que le leader sud-kivutien consacre son énergie à une bataille judiciaire contre la presse, sa ville natale de Bukavu est confrontée à une insécurité chronique. Plus au nord, Goma vit sous le joug de l’armée rwandaise et de ses supplétifs, dans un silence assourdissant des hautes sphères politiques y compris de Bahati, pourtant présenté comme une voix majeure du Kivu au sein des institutions nationales.
Où est la voix de Bahati pour le peuple du Kivu ?
L’attitude de l’homme d’affaires contraste violemment avec les attentes de la population. On attendait de lui des prises de position fortes, des plaidoyers à la tribune du Sénat, des appels clairs à la mobilisation contre l’agression étrangère. À la place, il consacre son énergie à faire taire un journaliste.
Un symbole de l’inversion des priorités
Ce procès illustre tristement une tendance devenue familière : dans certains cercles du pouvoir, faire taire les journalistes devient plus urgent que défendre la souveraineté du pays. Une dérive inquiétante, alors que la RDC a plus que jamais besoin d’une presse libre et d’hommes politiques responsables.