Le Bureau de l’Assemblée nationale a tranché : c’est le député Peter Kazadi, figure réputée pour sa loyauté envers le régime et sa pugnacité dans les combats politiques, qui pilotera la commission spéciale et temporaire chargée d’examiner les pétitions contre certains membres du Bureau, dont le président Vital Kamerhe.
Une décision qui ne doit rien au hasard.
Car derrière la désignation de Kazadi, c’est tout un plan politique qui se dessine. Connu pour son langage tranchant et son goût du bras de fer, l’élu de Mont Amba sur la liste de l’UDPS, n’a jamais masqué son hostilité à l’endroit des figures rivales de son camp. Loin d’être un simple choix technique, sa nomination à la tête de cette commission ressemble à une stratégie mûrement réfléchie. Placer un soldat fidèle au cœur de la bataille pour affaiblir, sinon écarter, un allié devenu encombrant.
Le nom de Peter Kazadi n’a pas été retenu par hasard. Le député est perçu comme un “exécutant fiable”, prêt à aller au front quand les circonstances exigent un bras fort. Ce profil tranche avec celui d’autres parlementaires jugés trop modérés ou trop hésitants pour mener un dossier explosif, qui vise ni plus ni moins que le président de l’Assemblée nationale.
En confiant cette lourde responsabilité à Kazadi, l’institution envoie un message clair, aucune immunité politique, aucun poids institutionnel fût-il celui de Vital Kamerhe, ne résistera à la logique de la “rectification” voulue par certains cercles du pouvoir.
Vital Kamerhe, cible prioritaire ?
Si officiellement la commission devra examiner plusieurs pétitions, les regards se focalisent déjà sur le cas Kamerhe. Sa présidence à l’Assemblée nationale, acquise au terme d’arrangements politiques délicats, suscite depuis des mois des grincements de dents dans certains camps. À travers Kazadi, beaucoup voient l’instrument d’une offensive méthodique visant à fragiliser le chef de file de l’UNC.
“On ne choisit pas Kazadi pour calmer un jeu, on le choisit pour trancher vif”, lâche, sous anonymat, un parlementaire de la majorité.
La mission confiée à Peter Kazadi risque donc d’ouvrir une nouvelle séquence houleuse au Palais du peuple. D’un côté, un président de l’Assemblée nationale qui entend se défendre bec et ongles. De l’autre, un exécutant mandaté pour accélérer la mécanique des pétitions. Entre les deux, une majorité parlementaire qui sera mise au pied du mur, suivre la ligne dure ou préserver l’équilibre fragile des alliances.
Quoi qu’il en soit, le choix de Kazadi dévoile une volonté claire, celle de matérialiser un plan politique dont l’enjeu dépasse de loin de simples pétitions. C’est la survie d’une coalition, la redistribution des cartes et, peut-être, l’avenir d’un homme, Vital Kamerhe, qui se jouent derrière cette commission.
Alfred Ngongo









