L’Association africaine de défense des droits de l’homme (ASADHO) hausse le ton face aux dérives politiques actuelles en République démocratique du Congo. Dans une correspondance adressée aux acteurs politiques, et particulièrement au président Félix Tshisekedi, cette organisation redoute que le pays ne s’enfonce dans les mêmes travers qui, dans les années 1990, avaient précipité la chute du régime de Mobutu Sese Seko.
Avec des mots lourds de sens, l’ASADHO rappelle qu’en 1990, le président Mobutu avait ouvert la voie au multipartisme sous la pression nationale et internationale. Mais au lieu de construire un consensus sincère et inclusif, chaque camp (majorité d’alors et opposition) s’était enfermé dans un radicalisme aveugle. Résultat : intrigues, méfiance, compromis jamais respectés, transhumance politique sans idéal et, in fine, l’effondrement du régime zaïrois sous les armes de l’AFDL en 1997.
“Mobutu et son opposition ont préféré se tendre des pièges plutôt que de sauver le pays. Tous ont fini par être balayés par l’histoire, humiliés et écartés du pouvoir”, fustige l’ASADHO, avant de lancer un avertissement sans équivoque. “Si vous ne tirez pas de leçons de ces erreurs, la même situation pourrait se reproduire.”
Aujourd’hui, l’organisation s’indigne de voir les mêmes symptômes se répéter. Une majorité arrogante qui refuse des concessions, une opposition et des groupes armés intransigeants, parfois jusqu’à l’absurde, avec des exigences extrêmes comme la démission immédiate du chef de l’État. Pendant ce temps, le président Tshisekedi tergiverse sur la convocation d’un dialogue national, alors que le pays s’enlise dans la guerre, la méfiance politique et la gestion prédatrice des ressources.
L’ASADHO dénonce sans détour cette irresponsabilité collective qui, selon elle, place la République “au bord d’un précipice”.
“Certains acteurs politiques bloquent des processus nécessaires, non pas dans l’intérêt du peuple, mais uniquement pour leur propre malheur. Le pays n’a pas besoin de blocages ni de calculs égoïstes, mais d’un compromis patriotique”, écrit l’organisation.
L’association exhorte toutes les parties prenantes majorité, opposition, société civile et groupes armés à venir autour d’une même table, avec un esprit sincère de construction.
“Évitons l’esprit de contrôler ou de bloquer le processus pour des avantages personnels. Le Congo a besoin de solutions durables, pas de nouvelles guerres”, martèle-t-elle.
À travers cette lettre au ton ferme et patriotique, l’ASADHO place les responsables politiques devant leur responsabilité historique. Soit ils tirent les leçons du passé, soit ils condamnent à nouveau la nation à l’humiliation et au chaos.
Ben AKILI









