Fidèle à son rôle de veille citoyenne, la plateforme de la société civile engagée dans le secteur des ressources naturelles a pris acte de la Décision de l’ARECOMS, signée à Bruxelles le 10 octobre 2025, fixant les conditions d’obtention, de répartition et d’exécution des quotas d’exportation du cobalt de la République Démocratique du Congo. Si elle salue les avancées contenues dans ce texte, notamment la prise en compte de ses recommandations formulées dans son communiqué du 8 octobre 2025, la CASMIA-G ASBL reste néanmoins vigilante et interpelle avec fermeté sur plusieurs zones d’ombre.
Dans sa déclaration officielle, l’organisation félicite l’ARECOMS pour l’ouverture dont elle a fait preuve, avant d’en appeler à une application rigoureuse et équitable des mesures édictées.
« Nous redoublerons de vigilance pour dénoncer tout acte de corruption, de trafic d’influence ou d’injustice », a martelé la coordination nationale de CASMIA-G ASBL, soulignant que la transparence reste la pierre angulaire de la gouvernance minière.
Au cœur des préoccupations de l’organisation, figure le point 2.7 de la Décision 2025/05, qui prévoit la possibilité de revoir les quotas des entreprises « en fonction de leur contribution au développement de projets stratégiques », notamment la création d’une chaîne de valeur dans la filière cobaltifère.
Pour CASMIA-G ASBL, cette disposition prête à aconfusion. Elle pourrait, selon l’organisation, ouvrir la voie à des arrangements discrétionnaires, voire à des faveurs injustifiées accordées à certaines entreprises sous couvert d’initiatives stratégiques.
« L’ARECOMS doit clarifier sans délai les critères d’évaluation et les modalités d’application de cette clause, faute de quoi la confiance entre les acteurs du secteur risque d’être compromise », avertit la coalition.
Autre point d’alerte est celui de l’attribution par l’ARECOMS d’un quota stratégique dont la quantité exacte reste inconnue. Pour CASMIA-G ASBL, cette initiative sort du cadre légal.
« L’ARECOMS est un organe de régulation, d’assainissement et d’amélioration du climat des affaires, non un acteur économique », rappelle l’organisation.
Elle met en garde contre tout risque de dérive vers une confusion des rôles où le régulateur se transformerait en producteur, acheteur ou vendeur situation jugée dangereuse et porteuse de conflits d’intérêts.
Transparence, vulgarisation et responsabilité partagée
Convaincue que la stabilité du secteur minier repose sur la confiance et la clarté, CASMIA-G ASBL appelle l’ARECOMS à vulgariser ses décisions auprès de toutes les parties prenantes c’est-à-dire : entreprises minières, ONG, et communautés locales. L’objectif est d’éviter les malentendus et d’instaurer un dialogue franc autour des politiques minières. De même, l’organisation exhorte le gouvernement congolais à adopter des mesures claires, cohérentes et définitives pour encadrer la gestion des minerais stratégiques, à commencer par le cobalt, véritable moteur économique du pays.
Par ailleurs, CASMIA-G ASBL invite les communautés locales à exiger davantage de redevabilité et de transparence des institutions chargées de la régulation. « Le cobalt du Congo doit servir d’abord au développement du Congo », souligne-t-elle dans un ton ferme et engagé.
Par cette sortie, la CASMIA-G ASBL confirme une fois encore son rôle de sentinelle citoyenne du secteur minier congolais. Dans un environnement où les intérêts économiques se croisent souvent avec des zones d’ombre, l’organisation se positionne comme un acteur incontournable de la gouvernance responsable et du combat contre l’opacité dans la gestion des ressources stratégiques du pays.
Emmanuel Kamba









