Alors que le Fonds National de Réparation des Victimes des violences sexuelles liées aux conflits et des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité (FONAREV) tente de redorer son image par un communiqué pompeux, la réalité, elle, est bien plus sombre. Derrière les mots choisis avec précaution “transparence”, “rigueur”, “justice” se cache un silence coupable, celui d’une institution engluée dans l’opacité et le double discours.

Un communiqué pour masquer l’inertie
Dans sa sortie médiatique, le FONAREV prétend répondre “avec sérénité” aux critiques qui fusent sur les réseaux sociaux. Mais en vérité, cette sérénité ressemble davantage à un réflexe défensif, celui d’une structure incapable de justifier son immobilisme. Depuis 2023, l’audit de ses comptes est sans cesse annoncé… sans jamais voir le jour. Et voilà qu’en octobre 2025, le Fonds parle encore de “finaliser le processus de recrutement d’un cabinet d’audit indépendant”.
Deux ans pour recruter un cabinet ? La question choque, indigne, et expose toute l’amateurisme ou la mauvaise foi d’une gestion qui n’a jamais voulu rendre des comptes.
Des millions promis, des victimes oubliéesq
Le FONAREV se veut le symbole de la réparation nationale. Sur papier, la mission est noble : redonner dignité et reconnaissance aux victimes des atrocités commises sur le sol congolais. Mais sur le terrain, c’est le désarroi total. Aucune indemnisation effective, aucun plan clair de suivi, aucun chiffre public sur les montants dépensés ni les bénéficiaires. Pendant ce temps, des millions de dollars auraient transité à travers les canaux de l’État au nom du FONAREV, sans trace visible d’impact concret. Les victimes, elles, continuent de pleurer seules, prisonnières d’une nouvelle forme d’abandon celle de l’indifférence institutionnelle.
La manipulation comme stratégie de survie
Le communiqué accuse vaguement des “tentatives de déstabilisation”. Une formule classique, utilisée par toutes les institutions publiques prises en flagrant délit de mensonge ou d’inefficacité. Plutôt que d’assumer ses échecs, le FONAREV préfère se présenter en victime d’un complot imaginaire. Mais la vérité est têtue : aucun rapport d’audit, aucune publication financière, aucune communication claire sur les fonds reçus ou dépensés. Tout porte à croire que l’argent de la douleur des victimes sert davantage à entretenir le silence qu’à soulager la souffrance.
Un devoir de vérité et de mémoire trahi
Le combat pour la réparation devait être celui de la mémoire, de la justice et de la dignité. Aujourd’hui, il est devenu celui de la suspicion, de la frustration et de la honte. Ceux qui avaient placé leur confiance dans le FONAREV voient désormais dans cette institution une vitrine politique dénuée d’efficacité, un outil de communication au service de l’image plutôt que du soulagement des blessés.
Le peuple congolais mérite mieux. Les victimes, encore plus. Elles méritent des actes, pas des promesses ; des chiffres, pas des communiqués ; de la transparence, pas du théâtre administratif.
L’heure de vérité a sonné
Si le FONAREV a réellement “rien à cacher”, qu’il publie ses rapports financiers, les listes des bénéficiaires, les montants alloués, et les preuves d’audit. Qu’il démontre par des faits que sa mission est autre chose qu’une façade bureaucratique. Parce que la réparation n’est pas un slogan, c’est une dette morale envers un peuple meurtri.
Tant que cette vérité ne sera pas dite, le FONAREV restera synonyme d’arnaque institutionnalisée, et son communiqué, une insulte à la souffrance de toutes les victimes qu’il prétend défendre.
Ben AKILI









