Le ton est donné. L’ancien ministre du Budget et actuel ministre de l’Industrie, Aimé Boji Sangara, aurait décidé de claquer la porte du gouvernement pour reprendre son siège à l’Assemblée nationale. Une décision lourde de sens, interprétée par plusieurs observateurs comme le signal d’un retour calculé et assumé sur le terrain politique le plus stratégique du pays : la présidence de la chambre basse du Parlement.
Selon plusieurs sources concordantes, Aimé Boji, cadre influent de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), aurait déposé sa démission du gouvernement depuis quelques jours. Le natif du Sud-Kivu, réputé pour sa rigueur et son sens de la loyauté, ambitionnerait désormais de succéder à Vital Kamerhe, son allié politique et actuel président de l’Assemblée nationale, dont le départ imminent à la Primature semble se préciser.
L’Union Sacrée, coalition présidentielle dirigée par Félix Tshisekedi, miserait sur un profil expérimenté, discipliné et fidèle à la ligne du Chef de l’État pour maintenir l’équilibre politique au sein de l’hémicycle. Et Aimé Boji, fort de son parcours et de sa stature d’homme d’État, coche toutes les cases.
« Boji n’a jamais caché ses ambitions. Il a servi avec loyauté, parfois dans l’ombre, mais toujours avec la ferme conviction qu’un jour, il pourrait jouer un rôle décisif dans la conduite du pays », confie une source proche du Palais du Peuple.
Ce mardi, l’Assemblée nationale tiendra une plénière cruciale au cours de laquelle seront validés les pouvoirs de plusieurs députés, dont celui de Boji Sangara. Cette réintégration annoncée marque une étape déterminante dans son parcours : celle d’un homme prêt à reprendre le combat parlementaire avec une détermination implacable.
L’intéressé, connu pour sa discrétion et sa méthode, semble cette fois résolu à aller jusqu’au bout. Pour lui, la présidence de l’Assemblée nationale ne représente pas seulement un fauteuil de prestige, mais une mission politique, un levier de stabilité au sein du régime Tshisekedi.
En coulisses, les tractations vont bon train. Plusieurs députés de la majorité affirment déjà leur soutien indéfectible à celui qu’ils décrivent comme « un homme de consensus, au verbe mesuré mais à la volonté de fer ». D’autres y voient la marque d’un retour en force de l’école Kamerhe, qui continue d’imprimer sa logique d’influence au sein de la coalition.
À 58 ans, Aimé Boji Sangara veut écrire une nouvelle page de sa carrière. Un retour calculé, méthodique et symbolique, qui pourrait redistribuer les cartes au sein de la majorité. Car une chose est claire : l’homme n’avance jamais sans plan, et cette fois, il vise haut.
Emmanuel Kamba









