Dans un ton d’une rare virulence, Jean-Marc Kabund-a-Kabund, président de l’Alliance pour le Changement, a tiré à boulets rouges sur le président Félix Tshisekedi, l’accusant ouvertement d’instrumentaliser la guerre à l’est de la République démocratique du Congo pour se maintenir au pouvoir au-delà de 2028.
Lors d’une conférence de presse tenue ce mardi 04 novembre à Kinshasa, l’ancien allié du chef de l’État, devenu l’un de ses plus farouches opposants, a dénoncé ce qu’il qualifie de «gestion passive et cynique» de la crise sécuritaire qui ravage l’Est du pays depuis plusieurs années.
« Nous sommes convaincus que, mû par la peur de quitter le pouvoir en 2028, Félix Tshisekedi laisse délibérément la guerre se poursuivre pour justifier un glissement anticonstitutionnel au-delà du délai légal », a martelé Jean-Marc Kabund devant la presse.
“Un président qui pleure au lieu d’agir”
L’opposant n’a pas mâché ses mots. Selon lui, le chef de l’État adopte une posture de victime au lieu d’assumer pleinement ses responsabilités de commandant suprême des forces armées.
« Tshisekedi et ses proches ignorent peut-être que la Charte des Nations unies demande à tout pays agressé de se défendre par tous les moyens. Qu’il cesse de pleurer et de nous couvrir de honte », a lancé Kabund.
Pour lui, le discours victimaire du régime en place dissimule une stratégie politique visant à maintenir la population dans la peur et à créer les conditions d’un “glissement” du calendrier électoral.
Ainsi face à ce qu’il qualifie de dérive autoritaire et de calcul politique dangereux, le président de l’Alliance pour le Changement a annoncé l’organisation d’une marche pacifique le 15 décembre prochain. L’objectif est d’exiger la convocation d’un dialogue politique national entre le pouvoir, l’opposition et les groupes armés.
« Le dialogue politique n’est pas une option mais un impératif catégorique. Le refus obstiné de Monsieur Félix Tshisekedi à convoquer un dialogue inclusif n’a rien de patriotique. C’est une grave erreur stratégique, une manœuvre cynique pour conserver le pouvoir au-delà de son second et dernier mandat », a-t-il dénoncé.
Kabund estime qu’à défaut d’un changement de la Constitution qu’il juge difficile à faire accepter, le pouvoir miserait sur le chaos sécuritaire pour légitimer un prolongement anticonstitutionnel du mandat présidentiel.
Ces accusations surviennent dans un contexte explosif, alors que la situation sécuritaire dans l’est du pays demeure critique, malgré les promesses répétées du gouvernement de restaurer la paix. Les récents affrontements entre les FARDC et les rebelles du M23 ont encore aggravé la crise humanitaire, poussant des milliers de civils à fuir leurs villages.
Kabund, aujourd’hui figure majeure de l’opposition, se présente comme la voix d’un peuple “fatigué des larmes, des promesses et du sang”.
« La guerre ne doit plus servir de prétexte pour bafouer la Constitution. Le Congo ne doit pas être pris en otage par les ambitions d’un seul homme », a-t-il conclu sous les applaudissements de ses partisans.
En toile de fond, l’accusation de Jean-Marc Kabund résonne comme un cri d’alarme contre la banalisation du chaos. Dans un pays où la guerre dure depuis des décennies, il met en garde contre la tentation du pouvoir de faire du conflit un outil politique. Car si les armes continuent de parler à l’Est, c’est désormais à Kinshasa que se joue l’avenir de la République démocratique du Congo. Entre le devoir de vérité et la soif de pouvoir, la ligne rouge paraît plus fragile que jamais.
Patient Mukuna









